Il racconto di Amelie Icard



1

Le naufrage du TITANIC

Mon plus tragique souvenir de mes dix-sept

années de mon voyage autour du monde est

le naufrage duTITANIC.

J'ai 83 ans, mais c’est une heure

de ma vie que je n'oublierai jamais.

J'étais à Paris lorsque je fis la connaissance

par l'intermédiaire d'un ami interprète,

de Mrs. George Stone, veuve d'un

américain, Président de la Bell Compagnie,

la Compagnie Générale des Téléphones, qui recherchait

une personne aimant les voyages pour

l'accompagner.

Mon rêve de toujours était alors

réalisé: je décidais de partir avec elle en

Amérique. Je ne puis énumérer… tous les

pays que nous avons parcourus.

En hiver 1912 nous étions en

Egypte; notre voyage se poursuivit en

Terre Sainte pour se terminer à Jérusalem.

Il s'en fallu de peu que ce voyage

inoubliable au pays de Jésus fut le

dernier de tous.
   

2

De retour en Europe, après avoir passé

par Paris et Londres, nous nus sommes

embarquées le 10 avril 1912 sur le TITANIC.

C'est Mrs. Stone qui prit les billets à

Londres, et m'annonça, ravie, que nous

allions embarquer sur le plus beau paquebot.

Les nuits précédentes j'avais rêvé de

mort, de malles éventrées, un présentiment

peut-être me fit dire que je n'aurais pas

choisi le TITANIC.

Le commandant Smith, bien que

sur le point de prendre sa retraite, fut

désigné par la White Star Line, pour

conduire ce palais flottant à son premier

voyage; je le revoie encore, un beau

vieillard à barbe blanche.

C'est lui-même qui m'aida à

monter dans la barque de sauvetage.

Pendant quatre jours que dura la [xxx]

éphémère du splendide transatlantique,

ce ne furent que fêtes, dîners d'apparat d'un

luxe vraiment royal, toilettes les plus somptueuses

un étalage éblouissant de bijoux et de rivières

de diamants, dignes d'un faste oriental.
   
3

Parmi l'élégante assistance se trouvaient 7 à 8

jeunes couples de retour de leur voyage de noces,

plusieurs ne nous étaient pas inconnus, nous les

avions rencontrés lors de notre séjour en Egypte.

L'après-midi du 14 avril c'était un

dimanche la musique du bord avait joué à

plusieurs reprises l'Ave Maria de Gounod,

la Veuve Joyeuse, etc. Il faisait un froid

glacial! Nous étions près de l'Île de Terre-

Neuve. Je dûs descendre dans ma cabine

pour me réchauffer.

Un bateau français, «Le Touraine»

je crois, avait signalé «Attention, Icebergs».

Mais le président Bruce Ismay affirmait qu'il

n'y avait rien à craindre, que le TITANIC était

inssincable.

La dernière soirée fut particulièrement

mouvementée: concert, bal, réjouissance.

Et pourtant tout cela ne pouvait

chasser l'angoisse confuse qui me

tourmentait toujours.

Je ne changeais même pas de

toilette, je n'en avais nulle envie alors qu'autour

de moi les dames rivalisaient d'élégance.
4

Vers les onze heures: Mrs. Stone et moi allions

nous coucher.

Trois quarts d'heure plus tard, alors

que le paquebot marchait en pleine vitesse,

un choc effroyable nous jeta hors du lit.

Nous allions nous rendre compte de

ce qui se passait, lorsqu'un officier

nous lança au passage «Ce n'est rien,

regagnez votre cabine». Je répondis «écoutez

ce grand bruit, on dirait que l'eau

s'engouffre dans le bateau».

De retour dans la cabine je vis

que notre voisine d'en face s'était remise

au lit.

Sa fille arriva affolée en criant

«Maman, vite vite, lève-toi c'est très

grave».

J'aidais Mrs. Stone à s'habiller, elle

prit sa ceinture de sauvetage et me dit

«venez vite».

Je tremblais et toujours en robe de

chambre, je pris un manteau, ma ceinture

de sauvetage et la suivis sur le pont.

   
5

Là je retrouvais ma couverture de voyage

et mon manteau de fourrure, laissés sur ma

chaise-longue.

Ils devaient me préserver miraculeusement

par la suite.

Nous sentions sous nos pas le pont

s'incliner vers l'abîme.

Je voulus redescendre pour chercher les

bijoux de Mrs. Stone. Une fortune, je me trompe

d'escalier et je remonte à moitié chemin.

Heureusement pour moi car je ne

serai plus remontée.

Nous avons assisté à ce moment à des

scènes inoubliables où l'horreur se mêlaient

à l'héroïsme le plus sublime.

Des femmes, encore en robe de bal,

quelques-unes sortant du lit à peine vêtues,

échevelées, affolées, se ruaient vers les

embarcations.

Le commandant Smith avait crié

«Les femmes et les enfants d'abord».

Fermes et calmes, dans la cohue, officiers

et marins prenaient les femmes et les enfants

par le bras et les dirigeaient vers les barques

de sauvetage.

   
6

Près de moi étaient deux beaux vieillards

Mr. et Mrs. Straus, propriétaires des grands

magasins Macy's de New-York, elle refusa

d'aller dans la barque après y avoir fait

descendre sa femme de chambre.

Elle se suspendit au cou de son

mari en lui disant

«Nous sommes mariés depuis 50 ans, nous

nous sommes jamais quittés, je veux mourir

avec vous».

A demis évanouie on mit dans une

barque voisine la jeune épouse du milliardaire

J. Jacob Astor, revenant de leur voyage de

noce elle avait 20 ans lui 50 ans. Elle

s'accrocha à lui, il dut la repousser

avec force.

Les marins en blousons bleus, ceinturons

et bérets entonnèrent le beau cantique

Plus près de toi mon Dieu

C'est le cri de ma foi

Plus près de toi.
   
7

Les cannots de sauvetage furent rapidement

descendus. Par miracle Mrs. Stone et moi

nous sommes retrouvées dans la même barque,

où nous étions une trentaine de personnes.

L'officier nous dit «Ramez fort,

vous n'avez que vingt cinq minutes pour

sauver votre vie».

Je pris les avirons et ramais

avec tant d'énergie que j'en eus les

mains en sang et les poignets paralysés;

car il fallait faire vite pour échapper

au gouffre immense qu'allait ouvrir

le TITANIC en sombrant.

Cest à ce moment que je

m'aperçus que quelqu'un était tapis

sous moi. Je n'eus pas la force de

révéler sa présence. Je ne sus jamais

quel était l'homme qui sauva ainsi

sa vie.

Tout en nous éloignant sur la

mer presque calme, éclairées faiblement

par la lanterne que tenait l'officier, je ne

quittais pas des yeux le TITANIC
   
8

éclatant de lumière.

Soudain, l'obscurité se fit, complète

et impénétrable, des cris, des hurlements

horribles, s'élevèrent au milieu des

craquements du navire, puis ce fut tout.

Il m'arrive, 43 ans après le

drame, d'y rêver encore.

Des 2229 passagers et membres

de l'équipage, 745 seulement furent sauvés.

Après cette nuit d'épouvante, au

premières lueurs du jour, avant l'arrivée

du Carpathia qui devait nous recueillir

transis, complètement épuisés, notre

barque et quelques autres retournèrent sur

les lieux de la tragédie.

Les eaux étaient calmes et nues,

et rien ne pouvait laisser supposer que

le géant des mers s'était englouti là.

Seules, devant nous, deux cathédrales de

glace qui rosissaient sous les premiers rayons

du soleil offraient un spectacle d'une

rare beauté.
   
9

Lorsque nous fumes rassemblés dans la

salle à manger du Carpathia, des scènes

très douloureuses se déroulèrent. Les jeunes

femmes étaient là sans leur mari, des mères sans

leur fils; une jeune mère dont une vague

avait arraché son enfant était devenue

folle, et prit pour son enfant un enfant

qu'on lui présentait.

Des rescapés firent le récit des

moments atroces au cours desquels s'opposèrent

tous les sentiments humains.

Il y eut des gestes sublimes, un

inconnu dénoua sa ceinture de sauvetage

pour l'offrir à une vieille femme qui

n'avait pu trouver place dans une embarcation,

et lui dit «Vous prierez pour moi».

Le milliardaire Benjamin Guggenheim

après avoir aidé au sauvetage de femmes

et enfants se mit en habit, une rose à sa

boutonnière, pour mourir.

Un pasteur dit les prières pour

les disparus.
   

10

Le Carpathia qui se audrait à

Gênes fit demi-tour pour nous

ramener à New York.

Je ne parlerai pas de notre arrivée

où j'ai encore assiste à des scenes

popignates.

 

Dédier à Madame Ausien en souvenir
de sa chere mere avec qui j'ai vecu cette
tragique catastrophe  dans la nuit du
14 au 15 Avril 1912.

 

Rose Amelie Icard

________________

Grenoble le 8 Aout 1955


 
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